Une rencontre en 1984, dans le Sahel touché par la sécheresse, a marqué le début de notre aventure humaine chez les bergers nomades. Depuis, nous sommes retournés souvent au coeur des steppes, des sables et des neiges où nous avons partagé le quotidien des familles qui nous ont accueillis.
Le lien profond avec la terre, le courage et la sagesse des hommes et des femmes qui habitent ces terres parmi les plus fragiles et ingrates de la planète, nous touchent.
Leur vie n’en finit pas de nous surprendre, tant ils savent s’intégrer aux milieux les plus sévères et faire de la simplicité un art de vivre.
Leur respect de l’équilibre de la nature et des écosystèmes est le résultat de la connaissance et de la compréhension de leur environnement ainsi que de leur effort constant d’adaptation.
Les relations humaines et les valeurs partagées sont au cœur de leur vie où l’Autre occupe une place privilégiée.
A’ chaque voyage, nos certitudes de sédentaires deviennent plus incertaines.
Le projet Esprit Nomade est le résultat d’un chemin personnel: un voyage à la découverte d’hommes, les nomades, gardiens de comportements et de valeurs qui constituent le fondement de l’être humain et dont nous pouvons nous inspirer pour trouver des pistes de réflexion sur notre rapport à l’Autre et à la nature.
Présentant les éleveurs nomades comme un seul peuple, sans distinguer les régions parcourues, nous avons voulu mettre en relief un mode de vie unique qui – au-delà des apparences culturelles – se fonde sur des valeurs communes.
Aujourd’hui, les nomades vivent une transition, en équilibre malaisé, entre tradition et intégration dans la vie moderne.
Ce projet souhaite refléter l’esprit qui anime ces peuples qui pourraient se révéler de précieux alliés de l’homme moderne dans la préservation et la conservation de l’environnement.
N’oublions pas ce patrimoine inestimable de connaissances traditionnelles et cet « esprit nomade » dans lequel réside la force et l’espoir de l’avenir de l’homme.

Tiziana et Gianni sont des êtres rares, exceptionnels à notre époque, «bizarre et folle», où tout le monde fait vite, passe, saute d’un lieu à l’autre, sans prendre le temps de voir, de sentir, de lier connaissance. Tiziana et Gianni, eux, s’arrêtent. Quand ils se déplacent dans une région d’Asie ou d’Afrique, ils s’y installent, longtemps, des mois, des années. Ils font des allers et retours nombreux, pour partager la vie des habitants, connaître leur culture, leur langage, nouer ce qu’ils appellent joliment « une connivence », tenter de les comprendre. Car, disent-ils : «Observer un regard à travers l’objectif signifie essayer de comprendre, et comprendre est le minimum pour compenser l’intrusion dans la vie ou dans l’état d’âme d’autrui». C’est ainsi, qu’en prenant leur temps, les Baldizzone ont réalisé ces très longs reportages parmi les hommes et les femmes qui les ont accueillis. Tiziana et Gianni ne sont ni des voleurs d’images, ni des explorateurs. Ce sont des journalistes qui, grâce à la photo, ont emprunté des visages pour écrire ces quelques pages magnifiques du grand livre de l’humanité...